La Prépa

Publié le par Sarastro

La Prépa (officiellement nommée "CPGE", Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles) fait partie de l'exception culturelle française.

Je suis passé par Prépa Maths (également appelée Maths sup'-Maths spé' pour Mathématiques supérieures-Mathématiques spécialité). Il existe plusieurs types de prépas, à savoir BCPST pour les biologistes, ECS (anciennement HEC) pour les futurs cadres commerciaux, Lettres pour ceux qui veulent se compliquer la vie (le nombre de places en Grande Ecole est ultra-limité pour cette filière), PC (Physique-Chimie), et MP (Mathématiques-Physique), mais comme dans celle-là les mathématiques sont ingérées à très hautes doses, on ne garde que "Maths" dans les appellations. Dans n'importe quel type de Prépa, il faut différencier les première année des deuxième année. On a donc respectivement :

BCPST 1 et 2

ECS 1 et 2

PCSI et PC (c'est déjà moins simple, le S.I. signifie Sciences de l'Ingénieur)

MPSI et MP (même principe que plus haut)

HK et K (Hypokhâgne et Khâgne). Ca vient du grec. Logique pour des élèves de Prépa Lettres.

Par analogie, on appelle les MPSI hypotaupins et les MP taupins (comme dirait l'autre, MP c'est le taupe niveau).

 Pour marquer leur spécificité, les élèves de Prépa Maths possèdent un système propre afin de départager les deuxième année des deuxième année redoublants (il est interdit de redoubler la première année, si vous n'êtes pas assez bon à la fin de la première année, on vous vire, l'excellence est à ce prix). Voici le système donc, dont vous pourrez juger vous-même qu'il est ingénieux au plus haut point, et très pratique pour laisser à la rue ceux qui n'y connaissent rien aux mathématiques : les deuxième année sont les 3/2, car l'intégrale de x entre 1 et 2 égale 3/2 (je crois qu'on utilise x par référence eux élèves de Polytechnique, appelés les X). Les deuxième année redoublants sont donc les 5/2, car l'intégrale de x entre 2 et 3 est égale à 5/2. On pourrait par extension appeler les première année les 1/2, mais ce n'est pas la tradition, bien que je sois sûr qu'un 3/2 vicieux l'ait déjà fait pour traiter les première année de demi-portions (de cervelle bien sûr, une cervelle sans mathématiques étant une cervelle vide). Vous avez remarqué qu'en passant d'une année à l'autre, on ajoute deux au dénominateur. Ce qui ne veut pas dire que le système est trop compliqué pour rien. Sans entrer dans les détails, cette propriété est liée à celles de la fonction carré. Le système n'est donc pas stupide contrairement à ce que l'on pourrait penser, il est tout simplement sophistiqué.

Alors qu'apprend-on en prépa ? On apprend à travailler. Ben oui. Parce que la majorité des gens qui débarquent en prépa n'ont jamais beaucoup travaillé à l'école, ils étaient dans les premiers de la classe sans faire grand-chose. En arrivant en prépa, ils deviennent donc des élèves normaux (des élèves qui doivent travailler pour réussir). Ca peut faire un choc. Mais en général, ils y sont préparés. Sauf en anglais et en français-philosophie.

Mais à part ça, on y apprend (grosso modo, car les détails pourraient vous ennuyer) comment une partie des mathématiques qu'on utilise depuis qu'on a deux ans (deux jours pour les plus précoces d'entre nous peut-être) a été construite. On découvre ainsi que notre façon de compter s'inscrit dans le cadre d'une théorie très vaste.

En physique, on utilise des équations diverses et variées, mais surtout différentielles (avec des dérivées, pas forcément avec des signes "moins"...), pour décrire le fonctionnement passé, présent et futur de tout un tas de choses, des projectiles aux composés chimiques en passant par les circuits électriques.

On apprend aussi  à supporter des professeurs sadiques le cas échéant. Soit dit en passant, ces professeurs ne sont pas tous méchants dans l'âme. Certains sont persuadés (parfois à juste titre) qu'en vexant les plus mauvais élèves, ils les toucheront dans leur orgueil ce qui les forcera à travailler suffisamment pour avoir des résultats décents (6,5/20 est un résultat décent aux concours). Malheureusement, cette tactique peut avoir des effets très néfastes lorsqu'appliquée à des élèves qui travaillent déjà presque au maximum de leurs capacités.

Voilà. Je reparlerai certainement plus tard de la prépa en détail, mais ce billet vous donne déjà un aperçu des particularités de cette institution très vénérable.

Publié dans reveurpro

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F
Côté Lettres, c'était plus simple, cela l'est vraissemblablement resté : cubes pour les redoublants de khâgne ("cuber", bicas pour les triplants (de "bicater"). les khâgneux restent simples khâgneux, ils n'ont pas droit à une appellation honorifique particulière -qu'ils ne tardent pas à acquérir toutefois, tant il est rare d'intégrer après une seule khâgne (un peu moins rare à Font Cloud).<br /> C'est drôle d'ailleurs : autant le redoublement est déshonneur avant la prépa, autant il s'auréole d'héroïsme après. Surtout si on a été sous A, et, encore mieux : Admissible, le top.<br /> Et c'est vrai ce que tu dis sur le travail : j'ai commencé à bosser piour de vrai en hypo. Avant, je ne peux pas dire que je ne foutais rien, mais j'y allais plus ou moins comme ça me convenait. Ah si, j'ai travaillé en 4e.<br /> Mes années de prépa (4, Gloire ;) j'ai bicaté) restent un beau souvenir. Souvent, les gens s'imaginent que c'est un lieu de jalousies, de concurrence, d'arrogance. C'est tout le contraire. Je crois, à la réflexion, que si j'y suis restée autant, c'est peut-être moins pour l'espoir d'intégrer que parce que j'aimais ça.
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S
"bicater" : comme c'est bizarre ce terme ! En maths, on parle de bicarré pour la puissance quatre, mais apparemment, le mot a été déformé pour rajouter une connotation, ou...par ignorance du mot d'origine. Il ya de fortes chances pour que "bicarré" soit le mot qui ait donné "bicater" puisque le "cube", c'est la puissance trois (on parle beaucoup de puissance, il doit y avoir quand même des K accros à Nietzsche qui pensent que le K est le prototype du surhomme ;-)).
Z
il y a fort longtemps (enfin, avant moi) il y avait des 11/2 ! Oui Monsieur !  (c'était le théorème d'existence du jour)
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S
J'avais déjà entendu parler d'un 7/2 en particulier, et dans notre ère : c'était à l'origine un 5/2 qui avait eu un gros accident juste avant les concours...<br /> Mais quand on aime, on ne compte pas (ce qui est plutôt gênant en maths).