Le Diable s'habille en Prada

Publié le par Sarastro

Je suis allé voir le film du même nom hier soir (mercredi 27 septembre), soit le jour de sa sortie en France apparemment. J'avais peur de ne pas avoir de place en arrivant 25 minutes avant la séance mais en fin de compte, seul un cinquième de la salle était occupé (séance de 20 heures).

J'avais lu les critiques auparavant, et j'avais rapidement éliminé "11 septembre" de ma sélection, parce que pas mal de journalistes ont perçu dans le film le nationalisme et le sentimentalisme à l'américaine que je déteste, avais anticipé, et dois subir à chaque fois que je regarde un épisode d'une série américaine. D'ailleurs, "Lost" est l'une des plus épargnées par ce problème. Mais dans toutes les séries, difficile d'échapper au grand z'héros qui a terriiiiiiblement souffert de la guerre en Irak. Ca me rappelle un sketch des guignols, où deux hommes conversaient sur un banc, l'un parlant de la guerre n°1 en Irak, l'autre du Viêtnam. Chacun disant à l'autre que la guerre est atroce, et que les ennemis étaient d'affreux jojos. Tout d'un coup, une voiture déboulait, un personnage en sortait une mitraillette et abattait les deux hommes sur le banc. S'affichait ensuite le message : Etats-Unis, 2003 : 11 000 morts et des poussières.

Donc j'avais choisi "Le Diable s'habille en Prada". La critique vantait le talent de Merryl Streep (dans le rôle du "Diable", alias Miranda Prisley, rédactrice en chef du magazine de mode "Runway") et affirmait que le film reposait en grande partie sur elle.

C'est vrai qu'elle joue très bien. Son rôle de femme d'affaire tyrannique, orgueilleuse et pointilleuse lui convient sans problème. Lorsqu'elle veut terminer une conversation, elle susurre un "C'est tout" définitif, avec un ton à la fois tendre et sarcastique, et c'est génial.

Mais Ann Hathaway, qui tente de survivre à son travail d'assistante de Miranda avec en point de mire l'assurance d'avoir le poste de son choix (elle est journaliste) si elle tient un an, ne démérite pas du tout en jeune femme idéaliste à dix mille kilomètres du monde de la mode (du moins au début). Progressivement, elle change d'attitude, de plus en plus conciliante avec les excès de ses collègues, au point qu'elle en adopte au fur et à mesure les travers pour s'adapter. Car elle s'est très vite rendue compte qu'en restant l'Andy Sachs qui s'est présentée à l'entretien d'embauche en tenue de tous les jours, en plein milieu de centaines d'employés habillés comme pour un défilé, elle n'avait aucune chance. Miranda l'embauche pour faire un essai, espérant avoir plus de chance avec une diplômée normale qu'avec les filles stupides passionnées de la mode qui ont occupé très temporairement le poste auparavant. Dès le début, ses plus proches collaborateurs lui font bien sentir qu'une taille 40 est tout simplement une taille trop grosse et qu'une tenue de ville est réservée aux clochards.

Les critiques de son entourage ne tardent pas, qui lui reproche d'avoir vendu son âme, d'être devenue la Marguerite de Faust tombant amoureuse de la mode d'autant plus facilement que la mode accompagne le luxe (voir "Faust" de Gounod, et le célèbre air des bijoux : "O Dieux que de bijoux ! Est-ce un rêve charmant qui m'éblouit ?...Ah, je ris de me voir si belle").

A un moment, elle s'esclaffe alors que la maîtresse des lieux est en train de faire un choix subtil entre deux ceintures similaires. Et Miranda de lui détailler sur un ton en apparence magistral mais surtout très cassant comment l'histoire de la mode a déterminé, des années à l'avance, ce qu'elle, Andy Sachs, porterait plus tard comme tenue de ville déplacée dans un temple de la mode à cet instant. Si vous voulez tout savoir sur le "bleu caerrulea",  allez voir le film.

Reste à savoir si Andy perdra ses valeurs à force de se prendre au jeu, notamment lors d'une sortie d'une semaine dans le Paris très chic et très snob de la mode.

 

J'ai trouvé le film très bon : je n'ai pas décollé les yeux de l'écran pendant plus d'une heure, puis pendant les 50 minutes restantes à peu près. Décrivant un cercle impitoyable (des fois, ça rappelle certains côtés de la prépa, peut-être que Merryl Streep devrait jouer une professeure de mathématiques de maths spé' à l'avenir...), le film ne délaisse jamais Andy pour une caricature facile.

A votre porte-monnaie ! UG, C cher.

Publié dans reveurpro

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Il s'agit du bleu caerulea.
Répondre
B
Il s'agit du bleu caerulea.
Répondre
F
J'avais envie de le voir, maintenant j'en meurs d'envie ! A te lire sur Miranda, je pense un peu à Bree Van de Kemp... J'ai hâte de voir l'interprétation de MS et le stylisme du film. Et aussi comment cette fois un réalisateur de série (qq Sex in the City) passe au format cinéma. (Le Diable pourrait-il devenir un produit sériel ? A priori et selon les éléments du livre, les ingrédients sont réunis.. on verra.)Merci pour cette note !
Répondre